L'ALLUMEUR DE RÉVERBERES
Réflexions pour mieux se positionner face aux défis du quotidien
Des feuillets proposés par 
Christophe Élie

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Feuillet 19

 

Pourquoi apprenons-nous si lentement !?...
Quelques poussieres de sagesse collées a nos talons

C'était (...) un soir qui ne sait pas ce qu'il veut,
semblable en cela a une multitude d'humains
qui veulent sans vouloir, qui aiment sans aimer,
qui ont mal et font mal sans savoir pourquoi.

Anne Meurois-Givaudan  * *

Je m'étais pourtant promis...

Un ami, chez moi, sortait de la douche : j'ai aperçu un vieillard de 38 ans, tout boitillant ! Il avait joué une partie de balle-molle la veille  -  ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps. J'étais plutôt fier de me payer sa tete, le petit jeune ... Ce n'était pas la premiere fois que sa carcasse lui donnait l'heure juste sur sa forme physique. Il s'était pourtant promis de faire du sport plus souvent. 

Ça m'a ramené a mes propres courbatures, qui sont de temps en temps physiques, mais qui ont surtout a voir avec mon adaptation a ce qui m'arrive. Et je me suis demandé : Pourquoi diable mettons-nous tant de temps a apprendre de la vie ?...

C'est vrai, nous avons autour de nous des centaines de témoins qui nous démontrent comment on peut vivre a fond sa vie, ou la mourir a fond. Les librairies n'ont jamais autant multiplié les bouquins sur le développement personnel. Et chacun de nous a son propre vécu, qui vaut bien a ses yeux tous les autres ! N'allons-nous que d'une adolescence a l'autre, avec le besoin de faire toutes les expériences par nous-meme, ou roulons-nous notre vie avec le frein a main actionné en permanence ?... Ma réflexion m'a amené sur quelques pistes qui m'aident a mieux comprendre, pour le dépasser, le fait que nous apprenons si lentement. Je vous les partage :

Nous traversons la vie en aveugle...    Les occasions de nous émerveiller, de remercier la vie, sont nombreuses dans une journée. Celles de découvrir aussi. Mais comme nous nous laissons ankyloser l'esprit par les médias, les potins et que nous courons pour en vivre le plus possible dans une journée, nous glissons sur la saveur des choses. Regarder a neuf comme un enfant, celui que nous sommes encore, bien caché au fond de nos affaires sérieuses... Il paraîtrait que le bonheur est un prix de présence...

Nous vivons en double...   Nous avons la tete bourrée de concepts sur la vie, de bonnes valeurs aussi. A preuve, nous nous laissons vite attendrir devant le spectacle de la souffrance a la télévision ou, dans notre cercle intime, devant l'expression d'une émotion chez un etre cher. Mais arrivés sur la place publique, la ou on pourrait nous regarder, nous mettons notre masque tel que nous l'avons appris acceptable. Petit test : combien de personnes côtoyez-vous dans une journée, de qui vous pourriez dire  Ah, ça c'est quelqu'un qui agit comme il pense...   

Je ne crois pas que ce soit parce que nous sommes faux. Non. Mais nous manquons l'occasion de traduire en outils pratiques les grandes vérités que nous connaissons fort bien. Pour prendre un exemple, la majorité d'entre nous croyons tout a fait ce que nous ont dit toutes les religions et les philosophies du monde, a savoir que l'amour est le centre de tout, le grand guérisseur. Mais quand choisissons-nous de donner des poignées a cette notion, de l'essayer pour voir si ça marche ? (J'ai essayé de faire un bout de réflexion la-dessus; on la trouve au Feuillet 10 :  Si j'étais convaincu que l'amour.)

Nous n'apprenons pas de ce qui nous a fait mal...   La douleur nous ramene au premier pas de l'amour : prendre contact avec ce qui est la, nous re-sensibiliser. Est-ce le fait d'une certaine paresse ? Nous perdons si souvent le bénéfice d'apprendre de nos moments de douleur. Nous la fuyons, souvent, et surtout nous escamotons d'écouter et de répondre a la question  Qu'est-ce que la vie veut me dire la ?...  Pas étonnant que nous revenions aux memes types de rendez-vous.  Nos grands problemes de santé ne sont pas des problemes d'estomac, de coeur ou de je-ne-sais-quoi, me disait un ami, ce sont des problemes d'oreille. 

Nous sommes suspendus au regard des autres...   La vie me propose un double rendez-vous : d'une part comprendre comment la vie est faite, comment l'humain fonctionne. Et en meme temps saisir ce que moi j'ai d'unique au monde, et qui pourrait bien me dire ce qui m'a fait venir sur ma planete... Mille peurs me retiennent face a ce rendez-vous : celle de m'éloigner du chemin emprunté par le troupeau, la crainte d'etre montré du doigt, et surtout d'etre mis de côté. Et je parierais ma chemise que le temps ou je tarde a découvrir mes chemins, c'est autant de temps gaspillé a pouvoir savourer le sens de ma grande randonnée, puis d'en faire cadeau au monde.

Nous prenons notre théâtre trop au sérieux...   Ma vie serait-elle la meme si j'arrivais a la prendre comme une grande piece de théâtre, en m'accrochant moins au contenu de mes rôles, et davantage aux occasions qu'elle m'offre de gouter, d'aimer, d'apprendre ?... Serait-elle la meme si j'arrivais a l'attraper comme un enfant de 6 ans qui revient de l'école en septembre avec  -  pensez donc!  -  son premier devoir a faire ? De grâce, ne lui apprenez pas qu'il finira par considérer son devoir comme une corvée...

Nous nous arretons en chemin d'apprendre....    Un défi s'amene : pris par surprise, nous réagissons avec nos vieilles recettes. Pourtant nous avions appris que ça ne marchait pas. Savoir et connaître : toute une différence ! Nous n'avons pas encore réalisé ceci : les plus belles prises de conscience ne peuvent prendre racines qu'a force de pratique, plantées dans le quotidien. Parce que seule la pratique crée le réflexe. Quand c'est devenu réflexe, c'est devenu nous. Pas avant.

Nous sommes débranchés des grands rythmes de la vie...  Relié a cette question de pratique, quelque chose qui est plus récent au travers de mes prises de conscience : il y a celle des rythmes, des cycles.  L'univers opere toujours en cercles , dit un tres beau texte d'Élan Noir, au panorama Le Saviez-vous ?...Nous ne savons pas enchâsser notre pratique du bonheur dans des rythmes, comme le fait la marée, comme le fait notre respiration. Car les façons de le faire ont changé : la pratique religieuse du dimanche n'est plus forcément la pour nous faire réaliser qu'une nouvelle semaine commence; l'arrivage des fruits et légumes de tous les coins du monde, tout au long de l'année, n'aide pas a croire qu'il y ait une saison pour chaque chose; le careme avec ses privations n'est plus la pour nous remettre d'aplomb l'estomac au départ d'une nouvelle année... 

Il nous faut réinventer pour aujourd'hui des façons de rythmer la journée et la semaine, le mois et la saison, l'année..., et donner un sens renouvelé a nos fetes plutôt que de les supprimer du calendrier. 

Sur ce plan, qui autour de nous sait tirer avantage du cycle lunaire  -   ces forces qu'une femme connaît d'instinct ? (voir la-dessus un passage sur la Lune noire, au panorama Le saviez-vous ?... ) Qui d'entre nous a conservé quelque chose des cures annuelles du printemps, avec lesquelles nos grands-parents refaisaient leurs énergies ? 

Le jour et les océans n'ont pas, eux, cessé de vivre en rythmes. Car nous nous épuisons a ramer en réinventant notre aventure humaine, en perdant la cadence. Qui sait s'il y aurait des façons renouvelées pour aujourd'hui de profiter de la poussée des courants de la vie ? Faudra-t-il ramener plus de nature au coeur de nos villes pour arriver a se souvenir que nous sommes faits de rythmes ? Faudra-t-il donner des contrats aux Africains pour qu'ils nous apprennent a nous brancher sur nos danses intérieures ?... - Tiens, ça me rappelle que je m'étais promis de me joindre a Marie-ange et a son groupe, pour feter le prochain solstice...



Christophe Élie

 

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