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La chronique de l'Oncle Christophe

 


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SUICIDE (Attirance au - )

Bientôt je ne souffrirai plus...
Pourriez-vous me donner une raison
pour laquelle je devrais vivre ?... 


Limites de mon propos

J'ai aidé des gens en détresse, mais je ne suis pas thérapeute. Accompagner des gens suicidaires est une intervention délicate, qui ne s'improvise pas.

Par contre, c'est un petit pourcentage qui iront jusqu'au précipice. Bien des gens sur leur parcours vont etre tentés de baisser les bras, de cesser de croire en la valeur de la vie, ou cesser de se prendre en mains quand c'est trop dur : ce sont nos petits suicides de parcours.

J'aimerais réunir ici quelques pistes d'accompagnement qui ont fait leurs preuves dans ce deuxieme contexte, fournir quelques reperes de fond de scene avec lesquels chacun écoutera sa propre intuition, quitte a se faire insistant aupres d'une personne qui continue de descendre la pente afin qu'elle accepte de se faire aider par des ressources plus spécialisées.


Une réalité déroutante

C'est une réalité complexe, celle de croire que ça ne vaut plus la peine d'aller plus loin avec la vie. Cette souffrance aiguë nous ramene a une série de séparations : d'avec soi-meme, d'avec les autres, d'avec la nature, meme. On est devenu excessivement centré sur soi, mais vidé d'espérance.

Parmi les gens tres souffrants que j'ai côtoyés, j'ai pu me rendre compte que les gens dépressifs sont moins tentés par des pensées suicidaires : ils se sentent écrasés par ce qui leur arrive, impuissants. Ils revendiquent d'avoir une place dans la vie, meme s'ils doutent de leur valeur et ont du mal a se permettre cette place, bien plus qu'ils cherchent a mettre fin a leur vie.

Ceux qui ont perdu leurs raisons de croire en la vie, qui se disent a quoi ça sert de lutter ? , eux m'inquietent davantage. Ils sont souvent en pleine possession de leurs moyens, font une analyse de leur situation a tete froide, peuvent se dégouter de ce qu'ils ont fait, mais n'ont pas une pietre image de ce qu'ils sont. Eux sont imprévisibles. Il faut passer avec eux un contrat de confiance, comme quoi ils ne poseront pas de geste fatal sans nous avoir alertés avant.

Retrouver l'envie de vivre est un ensemble et ça prend du temps. Toutefois, certains gestes peuvent servir de déclencheurs sur le parcours, meme si celui qu'on veut aider se défend d'y prendre intéret :

- provoquer son émerveillement devant quelque chose de la nature (c'est le but de notre section L
E SAVIEZ-VOUS...?);
- le rapprocher de ce qu'il a de plus beau intérieurement, de ses sources de fierté passées ou actuelles;
- le reconnecter a ses plus grandes soifs, y compris celles qui ont été écorchées; 
- stimuler sa compassion envers quelqu'un qui souffre, surtout si c'est quelqu'un de semblable a lui;
- lui donner envie de se solidariser avec des gens, un groupe, une cause...

Derriere, quelle vision de la vie ?

Des pistes comme celles qui précedent peuvent finir par désinstaller la personne qui rumine ses raisons d'en finir, créer patiemment une breche, jusqu'a ce qu'elle arrive a se reconnecter au gout de vivre. Mais chez certains, la breche a créer est d'une autre sorte et doit etre plus immédiate : comment désamorcer leur volonté de mourir ?

C'est la qu'une certaine vision de la vie peut nous venir en aide : est-elle toute la piece de théâtre, ou seulement un acte dans la piece, une étape, dans le parcours autrement plus long de notre etre universel, ce qu'on nous a appris a appeler l'âme Comment vois-tu la mort ?... 

Je pense que cette question, qu'on est tenté d'évacuer au nom d'une certaine pudeur, peut au contraire toucher chez la personne une fibre profonde. D'abord, elle l'amene a puiser dans son bagage de croyances : c'est un mouvement intérieur qui peut la reconnecter a son héritage religieux, et de la a l'enfant qu'elle a été, et qui naturellement croyait en la vie. Cet enfant peut encore surgir dans son présent et l'émouvoir, si la personne arrive a se frayer un chemin entre les blessures pour le rejoindre, car il est toujours la en elle. 


De l'autre côté, c'est comment ?...

Cette question en cache une autre question, et c'est elle qui contient la possibilité d'un sursaut vital. Et si de l'autre côté quelque chose se poursuivait, et que ce soit pareil ?...  J'ai été frappé par la force de cette hypothese, que j'ai trouvée dans un récit a propos de Nathanaël, poursuivi par un immense sentiment de culpabilité. On nous le présente tenté par le suicide, s'adressant a une personne de sagesse :

― A-t-on le droit de partir, Jean ? demande Nathanaël.
―  Ou veux-tu donc aller ?
―  Je veux dire... quitter cette vie.
―  Nous avons tous les droits, Nathan... tous les droits... Notre vie nous appartient. Seulement vois-tu, il faut savoir...
―  Savoir quoi ?
―  Savoir que l'on ne peut pas mourir... Si tu franchis la ligne de cette existence, si tu en passes la frontiere, tu te retrouves avec la meme tunique de l'autre côté, les memes pensées et, sans doute pour toi, ... le meme mal. (..) Oui, tu peux partir, Nathanaël, si c'est ton choix... Mais, je te le dis, tu vas doubler l'épaisseur des murs de ta prison. Est-ce que c'est ce que tu veux ?

Présenté par Daniel Meurois-Givaudan * *


Ce qui nous, nous rattache a la vie

J'ai relevé un certain nombre de chemins qui me paraissent des aides sérieux. La perspective du suicide nous met face a face avec la liberté profonde d'un etre humain, face a la grandeur comme a la fragilité de notre aide. Comment etre certain que nous avons aidé ?...

Si nous conservons en tete que notre rôle est du côté des semences, mais que la récolte appartient a la personne elle-meme, qui a ses rendez-vous avec la vie, nous serons plus paisible, plus décrispé pour aider. Peut-etre n'avons-nous pas besoin de savoir ce que nous apportons, ni si nous avons réussi. Au fond de tout, le plus grand cadeau que nous pouvons faire a la personne aidée est peut-etre de lui partager en transparence ce qui nous, nous rattache a la vie, y compris dans nos doutes et nos luttes. Car devant la perspective de la mort, jamais peut-etre nous ne nous serons sentis si égaux.

Je crois aussi que sur ces chemins, il n'y a pas de trop petit pas, que nous avons le droit de ne pas savoir comment faire. Quel pas sera l'étincelle qui fera la différence ? La réponse ne nous appartient pas...

Voir : DÉPRESSION


 

Édité par le site GRANDIR, QUÉBEC
www.sitegrandir.com

N'hésitez pas a reproduire nos textes, en indiquant la source.

 v2007-03-06

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