L'ALLUMEUR DE RÉVERBERES
Réflexions pour mieux se positionner face aux défis du quotidien
Des feuillets proposés par 
Christophe Élie

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Feuillet 34

Ah bon ?... danse !
Pour ancrer le sentiment d'etre enfant de l'abondance


Au Feuillet 4  Permettre a la vie de m'aimer , je vous partageais comment mon option de croire a la bienveillance de la vie avait donné une impulsion décisive a ma trajectoire. Je me sens pret pour un pas de plus, aujourd'hui : je suis convaincu que cette option est inséparable d'une autre, celle de croire en l'abondance de la vie. 

C'est parce que cette vision nous manque que nous restons des enfants du manque. Nous avons peur de manquer de ce qui ferait le bonheur, peur qu'il n'y en ait pas pour tous. Voila pourquoi nous tolérons un systeme construit sur la compétition; et voila pourquoi notre monde a si mal. 

Quand je me mets a croire a l'abondance, un apaisement et une fluidité s'installent : je suis pret a me l'offrir et je l'offre si volontiers. Alors je rends hommage a la beauté de la vie telle qu'elle a été faite pour fonctionner; le contraire ne fait que la rapetisser, lui mettre des bâtons dans les roues.

*


Vous est-il arrivé de vous trouver devant un buffet plantureux et de ne pas avoir assez faim pour gouter a tout ce que vos yeux découvraient avec envie ? Ou encore de vous sentir écartelé-e entre deux émissions de télévision captivantes, présentées a la meme heure ?  Au buffet, vous avez peut-etre pris les bouchées doubles, vous retrouvant avec un mal d'estomac ! A la t.v., vous aurez plusieurs fois zappé entre les deux programmes afin de ne rien rater, pour finir avec le sentiment de n'avoir écouté aucun des deux vraiment. Au bout du compte, vous avez manqué ça.


Au fond du manque, l'abondance

Ce genre de situation m'est arrivé souvent ! J'ai en tete tous ces dimanches au soir, ou j'étais frustré : je n'avais pas fait le quart de tout ce que j'avais listé pour ma fin de semaine, et demain le travail reprend...   

Un bon jour quelque chose a changé pour moi.  L'évidence me rattrapait : il y en aurait toujours plus que j'aurai de faim ou de temps pour le savourer, donc je serai toujours malheureux ! Et si je voyais ça comme une corbeille de fruits qui déborde ?...    Il m'a fallu cette décision radicale, regarder autrement. Alors mon appréciation des choses a changé. Puis, j'ai peu a peu réalisé que je me retrouvais dans l'autre camp, avec ceux qui ont envie de remercier la vie plutôt que de la maudire.


Né pour un petit pain ?

Ça semble facile, quand on le raconte comme ça. Vous ne vous douterez pas de tout le temps qu'il m'a fallu pour en arriver la, et ce n'est pas tout digéré encore ! Car mon cerveau d'enfant avait bien emmagasiné son héritage culturel et religieux : les biens matériels ont quelque chose de suspect, c'est a laisser a ceux qui ne gouteront pas au ciel ! Il faut donner aux autres plus qu'on se donne a soi-meme, sinon gare a nos fesses au moment de paraître devant St-Pierre ! 

Heureusement, j'ai hérité aussi d'influences qui m'ont montré qu'une autre vision est possible. Pour vous en parler, j'ai en tete un souvenir d'enfance que me racontait un ami proche : cette anecdote dit tellement bien ce que je ressens ici. Cet ami me racontait qu'il lui arrivait d'aller en famille chez sa tante Graziella, a la campagne. Elle trouvait toujours l'occasion d'offrir une deuxieme tournée de son fameux plateau de bonbons. Les enfants mouraient d'envie d'y plonger encore, mais ils se retenaient en guettant du coin de l'oeil la réaction des parents ! La tante avait une phrase magique pour tenir a distance toute opposant :  Prends-en, prends-en, quand ' y en n'aura p'us, ' y en aura encore ! 


Qu'est-ce qui nous prouve que ça soit comme ça ?...

Cette tante bonne comme du bon pain , aurait dit ma mere, pouvait-elle avoir plus de bonté que la vie n'en a elle-meme ? Voila une tante qui ne demandait pas aux enfants d'etre des anges avant le temps, me suis-je dit en écoutant mon ami. Ce plateau de bonbons toujours plein me parle de la vie, décidément. Il fait plus que bien d'autres choses pour me donner envie de croire en son abondance. 

Bien sur, j'ai d'autres raisons qui renforcent cette vision. J'ai repensé, par exemple, a cette conférence d'Hubert Reeves, astro-physicien, qui nous laissait médusés devant la myriade des galaxies, en reconnaissant que nos scientifiques n'arrivent meme pas a les dénombrer : voila tout un plateau de bonbons a l'échelle du cosmos ! Je me disais que l'etre capable de générer ces univers devait bien avoir prévu ce qu'il faut pour que notre planete ne manque de rien. J'ai repensé aussi a l'affirmation répétée des scientifiques comme quoi la Terre a ce qu'il faut pour nourrir beaucoup plus que la population mondiale actuelle  bien sur, si le petit nombre dont je fais partie ne tirait pas toute la couverture de son bord. Et puis au pied de ma porte, chaque bourgeon d'arbre, chaque graine de fleurs m'enseigne comment la vie se recrée sans cesse, qu'elle n'additionne pas, mais multiplie. 

Oui, j'aurais beau ajouter des raisons qui parlent a ma raison, une petite voix intérieure me dit que c'est cette Tante Graziella qui avait raison. Je pense que toutes les preuves du monde ne remplaceront jamais ma décision de faire comme si : choisir délibérément de prendre cette façon de regarder, vivre en conséquence, puis voir ce que ça donne. Je l'évoquais ailleurs : si on y regarde bien, c'est tout a fait ce que font les scientifiques.


Qu'est-ce que ça change ?

Depuis que je pratique cet état d'esprit, ce que j'appellerais la pratique de la main ouverte, on dirait que se multiplient pour moi les preuves d'abondance : un cadeau inattendu, une issue imprévue a un probleme de taille, etc. A l'inverse, les périodes ou je me suis crispé pour me protéger de l'avenir, sont probablement celles qui m'ont apporté le plus de sécheresse. C'est sur, l'état du monde avec ses images de manque et sa compétition vantée comme gagnante a vite fait de me rattraper. Il me faut rechoisir sans cesse la vision d'abondance.

Cette réflexion m'a amené sur le terrain du mouvement et du lâcher-prise. Avez-vous remarqué que les gens qui croient le plus en l'abondance de la vie sont paradoxalement ceux qui sont le plus capables de laisser aller, face au matériel ? J'ai un couple d'amis qui ont quitté une grande maison cossue et tres équipée, pour s'en aller vivre en appartement : depuis lors, je les ai plus d'une fois entendus dire qu'ils se sentent libérés d'un poids. Et je repense a cette phrase d'un guide amérindien qui m'avait séduit : Les etre les plus heureux et les plus libres que j'ai rencontrés ne possédaient presque rien.   * *

Je n'évoque pas ça pour dire que nous devrions tous vivre le détachement au meme point. Tous les humains n'ont pas a expérimenter les memes choses de la vie. Mais je crois que nous avons cette chose en commun, d'apprendre a nous insérer dans la fluidité de la vie, le mouvement de recevoir et donner librement. 

Pour moi, je constate dans des petits riens que je me permets plus qu'avant de m'offrir ce qui fait du bien, tantôt une gâterie, tantôt un morceau de linge plus couteux. A l'inverse aussi, je constate que je peux m'en passer sans en souffrir trop. Je suis plus sensible a la pollution que je me fais quand j'accumule des choses qui stagnent. Et je me trouve plus pollué encore quand je me précipite pour me justifier, apres m'etre offert un bien : la je vois ma résistance a me voir comme un enfant de l'abondance.

Je constate aussi que je prends plus de plaisir a donner qu'avant. Il n'y a plus cette retenue du gamin qui a peur de manquer du jouet qu'il prete ou qu'il donne. A la conviction qui fait son chemin en moi que  mes coffres finiront bien par se remplir a nouveau... , je me dis plus volontiers que ce que j'utilise m'est preté par la vie : nous ne sommes propriétaire que de notre liberté. Quand je suis dans cet état d'esprit, je pense comprendre mieux les propos de certains guérisseurs qui m'avaient laissé pensif : Attention de ne pas vous vider de votre énergie lorsque vous aidez. L'énergie que vous offrez n'est pas la vôtre, elle provient d'un réservoir qui vous dépasse...  


Regarder couler la riviere

En terminant, j'ai envie de vous partager quelque chose. J'étais chez un ami et j'admirais une petite fontaine qu'il avait faite de ses mains : une tige de bambou recueillait l'eau, la déversait dans une autre, jusqu'a remplir un minuscule sceau qui débordait, avec un gazouillis apaisant. J'aurais pu rester des heures a regarder couler cette fontaine, a écouter sa mélodie. Il me devenait tout naturel de me dire que l'abondance est la, que nous n'avons qu'a puiser... a la condition de ne pas l'immobiliser. 

J'ai alors repensé a un film que j'avais vu sur des nomades du désert. Ils se préparaient a reprendre la piste, on les voyait sélectionner ce qui était de nécessité, pas plus. Leur expérience leur disait que retenir c'est périr. J'étais admiratif devant cette capacité de lâcher prise. Ça ne les empechait pas de faire une place dans leurs bagages pour quelque chose que d'aucuns pourraient voir superflue : une petite théiere, pour la halte du soir. Quelque chose de gratuit, mais nécessaire pour le coeur...


Christophe Élie
 

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Édité par le site GRANDIR, QUÉBEC
http://www.sitegrandir.com

N'hésitez pas a reproduire nos textes, en indiquant la source.
 v2006-04-02

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