Réponds sable
Bonheur et responsabilité s'opposent-ils
?
Une personne d'âge mur
―
appelons-la Aline
― m'a écrit, me demandant ce que l'on peut
mettre dans l'expression se responsabiliser . Elle ajoutait qu'elle était
en recherche, dans un état de peur. Comment faire pour me responsabiliser ?...
J'ai senti un appel a l'aide, et j'ai pensé vous partager ce
qui m'est venu pour lui répondre. Cette réflexion n'apparaîtra pas neuve aux
familiers de L'ALLUMEUR DE RÉVERBERES.
Mais elle aura le mérite de ramasser
quelques fils conducteurs dans notre positionnement de fond.
Bonjour Aline,
Pourquoi cette question ?
Se responsabiliser :
tout un rendez-vous, effectivement... Souffrez-vous de ne pas vous sentir
assez responsable, ou que des gens vous le reprochent ? Ou a d'autres
moments de l'etre trop et de prendre sur vos épaules tout le sort de ceux
que vous aimez et du monde ? Vous arrive-t-il dans ces moments d'avoir le
sentiment que les autres passent a travers la vie facilement, alors que vous
devez peiner, avec bien peu de récompenses tangibles ?.
Vous et moi avons été
bombardés depuis notre enfance d'incitations a nous responsabiliser : je
ne le ferai pas a ta place, tu es bien assez grand ! , tu as donné ta parole,
tiens-la , tu lui as permis d'espérer, ne la déçois pas... . Voila
quelques-unes parmi nos mille sollicitations a nous prendre en charge ou a nous adapter
aux attentes des autres.
Je n'ai pas fait de recherche
ou de réflexion particuliere sur le theme de la responsabilité. En fait,
ce n'est pas tout a fait vrai, car l'ensemble de ce que j'ai écrit
dans L'ALLUMEUR DE RÉVERBERES
et dans MON TROUSSEAU DE CLEFS
pourrait s'appeler prendre sa vie en mains . Vous me
faites réaliser que c'est pas mal synonyme de se responsabiliser. Votre
question m'a provoqué a y réfléchir davantage, je viens vous en
remercier.
Nos responsabilités racines
Est-ce possible que nous
ayons quelques responsabilités racines, qui donneraient leur sens
a toutes nos petites prises de responsabilité au jour le jour ? et qui nous rendraient
plus facile de les assumer, en meme temps ?
J'ai fouillé dans mon expérience.
Je crois en avoir trouvé
deux. Une premiere, je crois que c'est de choisir le bonheur
- puisque c'est la, d'apres
moi, le grand but de notre existence, celui qui réunit tous les autres. Une
premiere responsabilité racine, c'est donc
d'affirmer notre choix du bonheur, et de le refaire dans
les petits instants - spécialement quand ça va mal.
Puis, j'en ai repéré une deuxieme : la responsabilité de chercher quelle est notre façon a nous
d'arriver au bonheur,
s'il est vrai que chacun de nous est une personne unique.
Deux sortes de gens
Vous arrive-t-il, comme moi, de
mettre les gens en catégories extremes, pour mieux vous en faire une idée ?
Ainsi, quand j'observe autour de moi, j'en vois de deux sortes, que
j'appellerais les Aériens et les Terre-a-terre.
Les Aériens sont pleins d'idéal.
Ils n'ont pas de mal a identifier les vrais ingrédients du bonheur :
jouer franc-jeu avec soi et les autres, penser positivement, aimer... Mais il
y a un hic ! ils veulent tellement bien se préparer au bonheur, qu'ils le
reportent a plus tard... Et surtout ils ne s'en donnent pas le droit : le
bonheur, en fait, c'est pour les autres.
Les Terre-a-terre, eux, savent se faire plaisir,
rigoler un bon coup, se faire la vie confortable. De toute évidence ils se donnent le
droit au bonheur. La ou ils ont un peu plus de mal, c'est de le faire durer !
Pour certains, ça va jusqu'a vivre et laisser mourir : biens
matériels,
pouvoir, compétition... Au soir de leur vie, il arrive qu'on les entente confier
a leurs intimes j'ai réussi dans la vie. Mais ai-je réussi ma vie ?...
Ce sont deux profils extremes,
bien sur. Quand meme, vous et moi pouvons mettre des
noms sur l'un ou l'autre... y compris le nôtre ! On les dirait a l'opposé.
Pourtant, Aériens et Terre-a-terre ont une chose en commun : l'illusion.
L'Aérien se
prive du bonheur pour aujourd'hui; il l'économise pour demain ou ne s'en voit
pas assez digne. Le Terre-a-terre saute sur le magot aujourd'hui; mais il ne sait pas s'en garder pour plus tard.
De quoi sommes-nous responsable ?
Au fait, n'est-ce pas l'affaire de la Vie, qui nous a
mis au monde, de nous rendre heureux, si c'est vrai qu'elle est si généreuse ? Pourquoi
parler de responsabilité, si c'est un cadeau de la Vie que le
bonheur ?
C'est la que mes images de porte et de bocal - s'il
vous est arrivé de lire quelques pages antérieures dans L'ALLUMEUR
DE RÉVERBERES -
m'ont aidé a nommer
quelque chose de décisif dans notre aventure humaine. C'est que la Vie ne peut rien
pour nous si nous ne lui ouvrons pas la porte. Elle nous a fait libre, et a
cause de cette liberté, nous sommes responsable de ce que nous faisons du
cadeau.
Il m'était venu cette image de la personne aigrie qui tend vers la Vie un bocal; il
est petit, son ouverture est carrée; dans le meme temps, elle reproche a la
Vie de ne pas lui donner de grandes choses, ni des choses rondes. J'imaginais la Vie lui répondre alors
: Je me suis adaptée
a la grandeur et a la forme de ton bocal. Si tu ne reçois pas ce que
ton c?ur désire, change la forme du bocal : je n'attends que toi !.
Nous sommes responsable de mettre a jour notre état d'esprit.
Rechoisir...
Dans ce rendez-vous de rechoisir le bonheur , une autre
conviction a changé bien des choses pour moi. Si je reprends l'image du bocal,
c'est l'idée qu'il nous revient de le tendre a la Vie avant les
événements. Qu'est-ce que ça veut dire ?
C'est relié a
une conviction acquise dans mon enfance, et qui a évolué au fil des
années. Je croyais que le bonheur était un résultat, qui dépendait de la
couleur des
événements et de ce que me font les gens. Je suis maintenant convaincu que
la vie est faite autrement : mon bonheur est plutôt un choix délibéré
d'etre heureux d'abord, a travers ce qui va m'arriver, malgré les tensions qui surgissent
inévitablement avec d'autres personnes. Je ne sais pas dans quelle mesure
j'influence les événements qui m'arrivent;
mais je suis sur d'etre
responsable de ce que j'en fais, et avant meme,
de la façon dont je
m'y prépare.
Nous voila revenus a cette image du bocal, ou a cette philosophie de
devancer la Vie, pour la remercier de nous apporter le meilleur
dans ce qui viendra. Dans la premiere vision, je choisissais d'etre a la remorque
de ce qui m'arrive, me considérant donc apres coup comme un choyé, un
chanceux, et souvent comme une victime impuissante. Dans la deuxieme,
j'opte pour croire que mon positionnement avant les événements peut
changer bien des choses. La balle est dans mon camp : c'est ça pour moi, etre
responsable.
Quelle est votre pointure du bonheur ?
L'option-bonheur est donc notre affaire. Quant aux moyens d'y parvenir,
c'est une autre affaire ! Il semble quand meme y avoir un fil
conducteur commun a tous les évangiles du monde : aimer.
Mais ce principe universel nous fuit entre les doigts; nous avons
besoin de nous le monnayer, d'y trouver des
poignées. C'est la que certains guides peuvent nous aider. Je reviens
volontiers ici a la question heureuse de Niele Donald Walsch **,
proposée devant une décision difficile a prendre : Que ferait l'amour maintenant
?
Celui-ci nous en fournit une deuxieme, cette fois pour nous rapprocher de notre
façon bien personnelle de réaliser le bonheur. La voici dans mes mots : Quelle
décision respecterait le mieux qui je suis et qui j'ai soif de devenir ?
Et puis, a force d'etre fidele a respecter qui nous sommes,
toutes ces petites fidélités au quotidien finissent par en composer
une plus grande, une sorte de résumé de notre vie. Serait-ce ça,
notre mission de vie, notre vocation ? (J'ai entrepris
quelques réflexions la-dessus, dans la page QU'EST
DEVENU VOTRE REVE ?).
Réponds sable
J'ai été tres bavard, je m'en rends compte ! J'ai pris a coeur de
vous partager mon terrain essentiel de responsabilité. Tout ce qu'on
pourrait dire d'autre ne fait, a mes yeux, que traduire nos
responsabilités racines en
décisions, en gestes au jour le jour.
Me permettrez-vous de terminer en m'amusant un peu sur les mots ? Ils
sont quelquefois un peu magiques ! En lisant
responsable dans votre lettre, j'ai a un moment entendu
réponds sable . Un instant j'ai vu le désert, qu'il n'en
tient qu'a moi de m'offrir plus souvent, pour faire silence et alors entendre mes réponses.
Et j'ai vu la danse du sable qui, sans cesse fouetté par les vents, semble
toujours d'accord pour recomposer son paysage a neuf.
Bons vents !
Christophe Élie
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