ENFANTS
DU LEVANT

 Sortir de l'exploitation sexuelle
Refaire son estime de soi

Un projet de solidarité avec l'Asie du Sud-Est

 

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Etes-vous pour ou contre légaliser la prostitution ? 


Précisons d'abord que notre action n'est pas au niveau politique ou judiciaire, qu'elle ne concerne pas le contrôle de la prostitution ou du tourisme sexuel. Nous avons choisi d'intervenir au niveau du coeur : de faire prendre conscience aux touristes de la portée de leur choix et de contribuer a redonner une espérance a des jeunes en réadaptation. 

Ceci dit, il importe que les citoyens se fassent un point de vue éclairé et le fassent connaître a leurs gouvernants. Car le défi est plus large, il englobe la culture exacerbée de l'érotisme et la marchandisation de tout dans la philosophie néo-libérale. Il questionne notre qualité d'humanité et affecte la viabilité de notre planete. Au coeur de ce défi, une exploitation des personnes révoltante, notamment des femmes et de plus en plus des enfants : perte de la liberté, violence, dévalorisation sociale, perte de l'estime de soi, sida... 

Est-ce que tout ça cesserait si la prostitution était légalisée ? Voici les arguments que nous avons recueillis de part et d'autre.

Pourquoi oui ?... 

Des gens croient sincerement que nous gagnerions a légaliser la prostitution, dans l'intéret des prostituées et de la société. Ils avancent des raisons qui méritent d'etre entendues, mais aussi vérifiées.

Leurs points de vue

- Pourquoi interdire la prostitution, disent-ils, puisque que l'érotisme est un besoin naturel ? La prostitution existe depuis que le monde est monde. Et ce ne sont pas toutes les prostituées qui sont entraînées dans ce métier de force : un pourcentage l'ont choisi délibérément, et plusieurs justement par recherche de libération sexuelle.

- Des gens sont privés d'une relation affective stable (personnes handicapées, militaires, travailleurs immigrés, etc.) : la prostitution peut leur permettre une heureuse compensation. Elle peut meme, dans certains cas, éviter a nos sociétés qu'ils recourent a l'agression sexuelle pour se satisfaire.

- La prohibition, le tabou, encouragent la prostitution, en font une réalité occulte que les réseaux criminels ont beau jeu de manipuler. Ce sont les travailleuses du sexe qui en paient le prix, ne pouvant pas négocier leurs conditions de travail, porter plainte en cas de sévices, ou vivre a l'air libre sans qu'on les assimile au monde criminel. Lorsque ces personnes pourront opérer a ciel ouvert, avec une pleine reconnaissance sociale, elles seront moins stigmatisées et mieux protégées, et le danger d'épidémies sera sous meilleur contrôle.

- Comme la prostitution est tres lucrative, l'État pourra en récupérer une partie en impôts, et meme utiliser cet argent a des fins sociales.

Leur conclusion

Pour les tenants du oui, la solution préconisée est de distinguer la prostitution libre de la prostitution forcée . Il y aurait lieu de légaliser la premiere, ou tout au moins de lui appliquer une tolérance lorsque la protection du public ou celle des prostituées n'est pas en jeu. 

Toutefois, au côté des partisans sinceres, un nombre considérable font pression de façon déguisée en faveur d'une légalisation, mais essentiellement pour multiplier les bénéfices qu'ils tirent déja de la prostitution.


Pourquoi non ?...

D'autres, au contraire  -  des analystes, et souvent des personnes ressources qui côtoient les prostituées au quotidien : travailleurs de rue, thérapeutes, etc.  -  apportent des points de vue significatifs, demandant sans doute aussi d'etre confrontés a la réalité des faits.

Leurs points de vue

- Il n'y a pas une prostitution qui soit digne, et une autre pas, disent-ils : toute forme de prostitution est un consentement a la domination masculine sur les femmes. Dans la forme extreme, celle du trafic, les trafiquants parlent entre eux de ''bétail'' pour désigner le lot des femmes qu'ils s'échangent a des fins d'exploitation sexuelle.  **

Tout d'abord, entrer dans la prostitution ne sera jamais un geste pleinement libre : derriere un parcours de prostituée, on finit toujours par trouver des blessures d'enfance mal aimée, négligée, ou des situations de pauvreté criante. Les jeunes y viennent souvent trompées, toujours gardées dans l'ignorance de la réalité qu'elles auront a vivre. L'attrait de l'argent vite gagné vient compenser pour un héritage de frustrations, ou répondre a la recherche d'aider financierement leur famille en situation précaire. 

Ensuite, la prostitution vient défigurer l'érotisme par le fait de l'exploitation : il y a l'argent qui donne au client un pouvoir, souvent considéré comme un droit sur la prostituée. Et derriere le rideau, il y a ce qu'ignore le client : ceux qui contrôlent la prostituée, avec la contrainte psychologique, souvent la violence, et de plus en plus le sida en prime. 

- Une travailleuse de rue, au Québec, nous confiait que  pour une année de prostitution, il faudra compter sept ans de réadaptation  : elle parlait de prostitution locale, ou les femmes viennent en principe de leur plein gré. Que penser du drame des prostituées d'un pays comme la Thailande, amenées de force a partir de leur pays d'origine ?...

- Le probleme des enfants entraînés a la pédophilie, reste entier : eux n'ont pas l'âge de se preter a ces 'services' en toute liberté. Sans doute en sortiront-ils plus blessés encore. D'autant plus qu'on emploie toutes sortes de subterfuges pour les faire passer pour des adultes : apparences, falsification de documents, complicité des corps policiers, etc. Ils ont la chair plus fraîche  et représentent, pense-t-on, moins de danger pour le sida. 

- Il y a tout a craindre qu'une légalisation de la prostitution crée une infrastructure propice a augmenter le commerce des personnes. La tolérance sociale, devenue légalité, légitimera et banalisera l'exploitation des femmes marginalisées, en repoussant toujours plus loin les limites du socialement acceptable  -  par exemple en impliquant des enfants a un âge de plus en plus précoce.

- La mondialisation crée de grands bassins de pauvreté et déplace des populations considérables (guerres, famines, mirage de l'Occident confortable, etc.). Favorisant un contexte ou on peut déplacer les personnes de façon anonyme, elle met davantage les femmes et les enfants a la merci des réseaux criminels de toute sorte, surtout les personnes rendues vulnérables par l'isolement, le dénuement, l'analphabétisme. Pour de tels réseaux, pourquoi rémunérer les travailleurs du sexe quand on peut se les approprier de façon si lucrative ?... (voir données, notamment
SUEDE, 2004)

- Le tourisme sexuel vient compliquer les choses encore, augmente considérablement les risques d'exploitation des personnes. Car le touriste a de l'argent. Il s'amene dans un milieu ou la majorité de la population est démunie, l'attend comme la manne au désert. Le touriste peut tout acheter sans se faire connaître ni poser de questions. De passage, il ne sait rien de ceux avec qui il commerce, ni de ce qu'ils deviendront apres son départ. Et lui ne doit rien a personne, n'a généralement pas a craindre les répercussions de ses gestes, meme violents :  j'ai payé....  La relation est donc faussée, et ne peut laisser place qu'a bien peu d'autocensure ou de compassion humaine.

Leur conclusion

Existe-il des consentements a se prostituer qui soient pleinement libres ? Existe-t-il des prostituées qui soient heureuses ?... Pour les tenants du non,  Une seule issue apparaît viable : traiter la prostitution comme l'humanité a su traiter l'esclavage ou l'apartheid, l'infanticide ou la mutilation des organes. Au lieu de prétendre que la prostitution est une fatalité, il faut plutôt s'attaquer a ses causes  -  essentiellement la pauvreté, l'inégalité des femmes et la marchandisation de tout. Selon eux, il faut décriminaliser les personnes entraînées dans la prostitution, mais criminaliser ceux qui en tirent profit et ceux qui exercent une violence, qu'ils soient proxénetes, entremetteurs ou clients.


Des résultats

D'apres les études connues, la légalisation de la prostitution (Hollande, Australie, Allemagne ou Bengladesh) n'a pas donné les résultats escomptés : la demande aurait augmenté au lieu de diminuer; un pourcentage important de prostituées et de clients ont continué dans un réseau parallele pour garder l'anonymat ou l'indépendance; ces pays constituent de débouchés tout trouvés pour le trafic humain en provenance des pays du Sud ou des pays disloqués d'Europe de l'Est. Au total, une augmentation de la souffrance chez des milliers de femmes et d'enfants, tandis qu'un seul groupe semble y trouver son compte : les forces du marché. Pour plus de détails, voir : L'EXPÉRIENCE DES PAYS-BAS.

A l'inverse, des pays comme la France, et plus encore la Suede, ont refusé de légaliser la prostitution. Ils ont criminalisé le proxénétisme et meme l'achat de services sexuels, tandis qu'ils appliquent une tolérance ciblée et surtout décriminalisent les personnes prostituées, en plus de développer des services sociaux et sanitaires a leur endroit.

Pour la Suede, bien que la nouvelle législation soit entrée en vigueur le 1ier janvier 1999 seulement, les résultats semblent assez éloquents. Un des constats observés donne envie de suivre de pres ce qui s'y passe : Deux ans et demi seulement apres son entrée en vigueur, des policiers travaillant a Stockholm estimaient que la prostitution de rue avait diminué de 70% a 80% et que le recrutement de nouvelles prostituées avait cessé. De plus, rien n'indiquait que la prostitution cachée avait augmenté. Au contraire, les policiers étaient d'avis que la prostitution dans les boîtes de nuit, les hôtels et autres lieux privés avait diminué de moitié. De plus (...) la loi a entraîné une prise de conscience accrue chez les décideurs et une volonté plus grande de la part de la police et des procureurs d'enqueter sur les proxénetes et les trafiquants, afin de les poursuivre.

Source: Yolande Geadah (2003, citant le Lobby européen des femmes, 2001) **

Voir données sur la Suede, 2004

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Sources

Parmi les sources consultées, nous vous conseillons :


- Portail Femmes pour la qualité de la vie

http://www.agora21.org/femmes/f-portail.html 

- S.O.S. Sexisme
Légitimer la prostitution en tant que travail :  
http://www.sos-sexisme.org/infos/oit.htm 

- Yolande Geadah (2003), La prostitution, un métier comme un autre ?  **

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Suggestion de lecture
Une synthese splendide, par Élaine Audet et Micheline Carrier : Faut-il décriminaliser les personnes prostituées ou la prostitution ?

 
Denis Breton
 

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Édité par le site GRANDIR, QUÉBEC
www.sitegrandir.com        

N'hésitez pas a reproduire nos textes, en indiquant la source.
 v2005-01-01

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