L'ALLUMEUR DE RÉVERBERES
Réflexions pour mieux se positionner face aux défis du quotidien
Des feuillets proposés par 
Christophe Élie

  MENU  

 
Feuillet 35
Hé ! viens voir... 
Redonner
sa chance
a la vie

Si on était fait pour reculer,
on aurait des yeux derriere la tete.

Pierre Matte

La voiture s'emballe

Si vous conduisez l'auto en pays froid, vous vous souvenez sans doute de votre premiere expérience sur la glace noire. L'auto s'était mise a valser, et plus vous donniez des coups de volant, plus elle zigzaguait hors de sa trajectoire. Par bonheur, votre co-pilote plus expérimenté vous a lancé quelque chose comme Mets ça au neutre ! Alors, la voiture a commencé a se stabiliser.  Ouf ! , quel soulagement...

Devenu parent, peut-etre avez-vous vécu avec votre fiston une expérience du meme genre : le voila qui triturait une croute sur son bras écorché deux jours plus tôt. Vous lui avez lancé Veux-tu bien laisser ça se guérir tout seul ! ... Ou peut-etre avez-vous simplement détourné son attention :  Hé, viens voir ! j'ai un nouveau livre, tu vas aimer ça... A peine était-il envouté par l'histoire qu'il avait déja oublié sa blessure au bras.

Nos défis d'adaptation ont beaucoup a voir avec ces deux situations. A coup de bonne volonté nous luttons, tantôt pour surmonter une douleur émotive, tantôt pour nous déprendre de la culpabilité d'avoir commis une erreur, tantôt encore nous n'en dormons pas a cause d'une tension avec un etre cher, un patron... : bref, nous grattons le bobo. Non seulement ça avive la douleur, mais ça retarde la guérison, en plus de nous empecher de profiter du reste qui va bien. C'est dans ces moments-la que nous envions ceux pour qui ça semble facile :  eux n'ont pas a se battre pour etre heureux... 


Comment en arrivons-nous la ?...

Décidément, je me reconnais dans ce genre de marécage. Il m'a fallu du temps pour comprendre que de m'acharner sur un probleme n'était pas le meilleur moyen d'en sortir, que ce n'était pas a mesurer la largeur et la hauteur d'un trou noir que je trouverais la lumiere. J'ai fini par saisir qu'on donne de l'énergie aux choses dont on s'occupe. Je me suis souvenu quand j'étais enfant et que je piquais ma crise : il suffisait qu'on m'ignore, et je n'avais plus d'arme. Vous avez déja été face a face avec un voleur dans votre maison ? si vous l'avez observé sans manifester de peur ou de défensive, il y a de bonnes chance pour qu'il ait viré les talons sans vous agresser : il aura senti que ce n'était pas sa place. 

Ah ! si nous avions la sagesse du soleil, qui renaît chaque matin malgré les tempetes. Ou celle de la riviere, qui ne s'oblige pas a couler ailleurs que vers la mer...  La vie regarde en avant. Ce que j'ai mieux compris, c'est que nous acharner sur nos problemes émousse a quelque part notre envie de vivre. Si nous faisons un pas hors du marécage, si petit soit-il, nous récupérons une sorte d'énergie : nous nous remettons a croire que le bonheur peut encore etre pour nous  -  et du coup nous lui faisons moins obstacle. Était-ce ça, le sens de la petite phrase évangélique :  laissez les morts enterrer leurs  morts  ?


Rassembler mes outils

Si les pages de L'ALLUMEUR DE RÉVERBERES ou de MON TROUSSEAU DE CLEFS vous sont familieres déja, cette idée de faire du neuf, en présentant a la vie une main de créateur plutôt qu'un dos de victime, ne vous paraîtra pas nouvelle dans notre site. En fait, dans les feuillets qui précedent j'ai exploré un aspect ou l'autre de la croissance, et plusieurs m'ont mené a ce meme carrefour, que j'appellerais donner sa chance a la vie. J'ai donc cru intéressant de réunir mes balises qui ont fait leurs preuves et qui convergent dans cette direction, pour prendre conscience avec plus d'acuité encore de leur pouvoir de leviers entre mes mains. J'ai aussi cru bon de relever quelques faux amis qui m'ont souvent égaré en route, afin de mieux les avoir a l'oeil quand je me mettrai a nouveau a patiner sur une plaque de glace noire émotive. 

Je crois beaucoup a certains mots chargés de sens, a certaines questions coupantes comme un couteau qui, tels des panneaux de rue, vous indiquent sans bavardage la direction, a l'heure de choisir. Je me rappelle par exemple le choc que ça m'a fait quand un formateur m'a regardé dans les yeux et m'a demandé  es-tu du côté de ceux qui dénoncent ou de ceux qui annoncent ? J'ai gardé silence un long moment, mon orgueil en a pris un coup, mais dans la suite certaines de mes décisions n'ont plus été les memes. Voici donc mon petit tableau.

Niveau

Mes faux amis

Passer du côté de la vie

Mon rapport
au temps
Ruminer mes problemes d'hier (me payer le luxe de les vivre deux fois !) Me ramener amicalement a cet instant, a aujourd'hui : demain s'occupera de demain . Nettoyer la journée d'un merci ou d'un pardon avant de m'endormir.
Mes croyances Croire qu'il faut travailler sur un probleme jusqu'a ce qu'il soit réglé. La peur (déforme le réel et me paralyse).  Croire que la Vie s'occupe de ma sécurité profonde. La vie est une partie a laquelle on peut toujours ajouter une manche. Le bonheur, ça se choisit, ça se pratique. La pensée crée.  On énergise ce qu'on touche. La semence contient sa récolte. L'amour fait renaître, guérit. Ce qui est lumineux finira par l'emporter.
Mon regard Réduire les gens a leur apparence. Les photographier quand ils ont peur et se défendent. Les juger. Parier que les gens sont meilleurs qu'ils ne le croient, mais qu'ils s'ignorent. Les regarder dans ce qu'ils peuvent devenir. Un probleme peut devenir une occasion, et meme un rendez-vous.
Mes cibles Montrer a l'autre que j'ai raison, qu'il a tort. Comparer, séparer. Dans une souffrance, débusquer le désir caché, et ce que la vie cherche a me dire.  Veiller a la qualité des semences.  Investir dans la recherche du sens.  Dépasser les rôles, viser les relations. Apprécier un arbre a ses fruits. Réunir.
Mes clefs S'en préoccuper, agir (me coupe de mes intuitions, diminue mes forces). La compétition (me prive de la synergie des différences). noncer (produit des gains fragiles, me démoralise). S'en occuper, agir.  Nommer mes buts et mes priorités des le matin. Tendu, reconnaître mes combattants.  Poser un geste qui remet en mouvement. Mimer la nature. Valoriser les gens, leurs bons coups. Modifier la fin de mes reves. Visualiser les résultats heureux. Aborder et nommer les choses par leur côté positif. Annoncer (affirmer). Faire du neuf. Naviguer sur le Pourquoi-pas?
Mes criteres Le regard des autres. Le rendement quantitatif seul. Avoir gagné sur l'autre. Que ferait l'amour maintenant ? .  Qu'est-ce qui dirait le mieux qui je suis, qui je veux etre ? . Avoir gagné avec l'autre.  Un p'tit bonheur avec ça ?... 


Aujourd'hui, premier jour du reste de ma vie...

Je crois que lorsque nous sommes tenace a remettre notre état d'esprit du côté de la vie, c'est notre systeme immunitaire profond qui se renforce : la maladie n'a pas de prise longtemps sur le coeur, et bientôt sur le corps.  

Je me sens allégé depuis que j'ai résolu de m'occuper des semences et de laisser la Vie se charger des récoltes. J'avoue que les résultats ont souvent comblé mon attente au-dela de ce que ma tete aurait pu imaginer  -  bien sur, il a fallu que je permette au temps d'agir. Donner sa chance a la vie n'est pas une partie gagnée une fois pour toutes ! J'ai a le rechoisir, sans cesse, a me bâtir des réflexes. 

Mais, progressivement, il y a plus d'espérance pour refaire ce choix. Quand je regarde ce qu'a été ma trajectoire de croissance et celle de plusieurs, je peux témoigner d'une bonne nouvelle : pendant longtemps nous cherchons a nous corriger, a nous améliorer, a etre quelqu'un, façonné par les attentes et le regard des autres. En résulte la douleur, qui nous oblige a lâcher prise, a faire avec qui nous sommes : nous n'avons plus le choix. Si bien qu'avec le temps, nous nous sommes surpris a préférer etre qui nous sommes, imparfait, plutôt que de coller a des modeles qui nous ont rassuré un temps, pour s'avérer etre des culs-de-sac. Nous acceptons finalement d'etre quelqu'un... d'unique. 

Alors a commencé une autre étape, passionnante  -  au point qu'on ne veut pas la garder pour soi seul : la joie de permettre a la Vie de créer a travers nos mains, lui donner sa chance de refaire de la vie, encore et encore. Nous ne voyons plus la nécessité d'etre parfait, juste d'etre en état de oui , comme disait, je crois, Placide Gaboury.

Bon, ne partez pas tout de suite. Je vous propose de terminer avec un de mes coups de coeur : un extrait de la chanson Je t'aime la vie. Il nous plante au vif de notre plus grand défi : accepter de rester en vie meme quand la vie nous mord et que nous ne comprenons pas. Je le redécouvre a chaque fois avec autant d'émotion, surtout si je l'écoute chanté par Nana Mouskouri :

Tu griffes et tu mords
 Tu gifles et tu ments
 Mais je t'aime encore
 Je t'aime éperdument (.)
Tu blesses en chantant
 Tu condamnes a mort
 Tu ris du perdant
 Et souris au plus fort
 Malgré ta folie
 Malgré tes folies
 Je t'aime la vie
 Et pour la vie

Christophe Élie

 

Retour au  MENU   de L'ALLUMEUR DE RÉVERBERES

Édité par le site GRANDIR, QUÉBEC
www.sitegrandir.com

N'hésitez pas a reproduire nos textes, en indiquant la source.
 v2005-01-01

Accueil   |   Haut   |   Navigation   |   Nous contacter   |   Plan du site    |
Qui nous sommes   |   Quoi de neuf
10-13