L'ALLUMEUR DE RÉVERBERES
Réflexions pour mieux se positionner face aux défis du quotidien
Des feuillets proposés par 
Christophe Élie

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Feuillet 32
Doux !
l'heure...

Que dire a une personne d'idéal
qui s'angoisse ?

Quoi, pas elle !...

Je sors d'une rencontre avec Réjeanne, une jeune femme splendide, comme il vous est arrivé d'en côtoyer, sans doute : ce genre de personne enthousiaste, passionnée dans ce qu'elle fait, généreuse comme quinze et souvent admirée des autres pour son équilibre et son audace. 

Je la rencontrais ce soir apres quelques semaines d'une peine amoureuse qui l'a jetée par terre. La voila qui doute d'elle et de son avenir, se reproche de s'etre toujours forcée pour vivre un niveau d'idéal hors du commun. Plus elle se compare aux autres, plus elle se déçoit. Pour conclure avec amertume :   A quoi bon avoir fait tant d'efforts pour etre parfaite ?...  Et plus elle s'ausculte, plus elle se juge et s'épuise, arrivant a se voir incapable de nommer un désir ou de prendre une décision.  

Comment me mettre a son écoute, quoi lui dire qui la remette en selle ?... J'ai pensé vous partager ce qui est m'est venu, me disant qu'un jour ou l'autre vous pourriez vous aussi vous sentir pris au dépourvu comme je l'étais.


Le non et le oui d'un tout-petit

Je sentais qu'il me fallait parler au coeur et de façon simple. J'ai d'abord mimé pour elle, en me couchant au sol, l'image qui me venait de sa situation : je la voyais dans un ring de boxe. L'assaillant était parti; elle, par terre sur le dos, se frappait au visage. 

J'ai voulu lui exprimer par la mon sentiment qu'elle se faisait mal a ressasser dans sa tete tout ce qui l'effrayait, ce qu'elle se reprochait, ce qui la faisait différente des autres. J'ai voulu la convaincre qu'avec un niveau d'énergie faible comme le sien actuellement, elle ne pouvait pas s'apporter quoi que ce soit d'utile a cet exercice d'analyse, qu'elle méritait mieux que des reproches, et que de toute façon la douleur lui faisait déformer sa vision d'elle-meme et de la situation.

Nous avons parlé longuement, je fouillais dans tous mes tiroirs de tendresse. Sa voix toute adoucie montrait son état d'épuisement et d'émotion. Elle risquait de repartir sans rien se rappeler si je ne trouvais pas comment simplifier et faire image.

J'ai martelé de plusieurs façons ce qui me paraissait etre deux fils conducteurs importants pour elle. Je l'ai amenée, en imagination, a revoir un petit enfant. On pourrait ramener le langage bien rudimentaire d'un bambin a deux expressions : oui et non. Je lui ai dit : Tu es en ce moment ce tout-petit. Je t'invite cette semaine a te pratiquer a dire oui et non dans de tout petits gestes ou tu as du pouvoir. Tu n'es pas en danger, rassure-toi, c'est un mauvais moment a passer. Mais tu vas devoir t'atteler a pratiquer ces deux choses. D'abord, a dire non a toute analyse a propos de toi-meme :  stop ! , tu restes au neutre. Ensuite, tu t'exerces a dire oui a toutes les occasions de tendresse que tu pourras t'offrir.


Renouer avec la tendresse de la vie

Oui, Réjeanne, tu vas chercher dans des mini-gestes de chaque jour a etre bonne pour toi, compenser pour ton entourage qui n'est pas pret a etre bon pour toi en ce moment : t'offrir une tablette de chocolat, dormir une heure de plus, éterniser ta douche,... peu importe. 

Vers la fin de notre échange, c'est Réjeanne qui m'a comme soufflé la conclusion, en me parlant de sa douleur. J'ai sursauté : j'entendais doux ! l'heure. Il venait de se nommer la exactement ce dont elle avait besoin. Et, quand on y pense bien,  c'était en meme temps la plus belle réponse a une question que chaque humain se pose un jour ou l'autre quand ça fait trop mal, bien souvent en maudissant le ciel :  pourquoi diable faut-il passer par la souffrance ?...

Doux ! l'heure : la douleur est effectivement la pour nous donner l'heure. C'est l'heure d'etre doux avec nous-meme, l'heure de nous rappeler que la Vie nous a mis au monde pour etre heureux, mais qu'elle ne peut rien pour nous si nous n'ouvrons pas notre porte.

Réjeanne s'est couchée fourbue. A vrai dire, moi aussi ! Elle est repartie avec ce mot Doux ! l'heure , griffonné sur un bout de papier dans une pochette. J'étais certain qu'elle avait le mot de passe qu'il lui fallait pour gérer ses émotions dans les jours prochains. J'étais rassuré, elle ne risquait pas d'oublier l'essentiel. C'est comme avec la douleur : elle nous ramene a l'essentiel. 

Et c'est elle qui, sans s'en douter, venait de me faire un cadeau.

Christophe Élie

 

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Édité par le site GRANDIR, QUÉBEC

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 v2005-01-01

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