L'ALLUMEUR DE RÉVERBERES
Réflexions pour mieux se positionner face aux défis du quotidien
Des feuillets proposés par 
Christophe Élie

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 Feuillet 24
Notre vie,
une symphonie inachevée...

Nous n'offrons au monde que ce que nous avons conquis

Il y a plus grand mensonge 
qu'une parole qui ne dit pas la vérité.
C'est une vérité qui ne dit pas l'espérance.

 

Une histoire de paralysie cérébrale

Une bonne amie, qui vit avec une paralysie cérébrale depuis les premieres heures de sa naissance, m'a raconté qu'elle marchait avec un ami, un jour qu'elle se sentait particulierement bien. C'était d'ailleurs apres s'etre remise un peu d'une période tres dure a passer.

Dis don', Réjane, lui demande-t-il, tu dois en avoir fumé du bon ? tu marches tout droit !
Pour elle qui marche habituellement courbée, tituber la ramenait d'aplomb ! (avec un peu d'imagination, quand meme...).

Ça m'a fait repenser a la réflexion que je vous partageais au Feuillet 15 : SALUT MON SORT, JE T'ATTENDAIS !... Elle explore l'hypothese qu'un événement serait toujours le meilleur qui peut nous arriver, malgré les apparences. A la fois pour nous refléter qui nous sommes, ou nous en sommes, a la fois pour nous mettre dans le bon angle pour faire face a la suite


Le fait d'etre né ici...

La ou tu es semé, il te faut fleurir.
Fété, congolaise **

J'ai envie de pousser plus loin la question aujourd'hui. Se pourrait-il que ce qui est vrai pour un événement de notre vie en particulier, ait pu l'etre aussi pour notre naissance ? Que le fait de naître dans ce pays, d'appartenir a cette race, de débuter dans ce milieu social, cette famille qui est la nôtre... ait aussi été le meilleur qui pouvait nous etre proposé, compte tenu d'ou en était notre etre  -  ce que plusieurs appellent l'âme ? Se pourrait-il meme  -  en voyant a quel point le besoin de liberté fait partie de nous -  que nous étions déja des etres doués de liberté dans le monde des âmes, et que nous ayons été associés a choisir nos grands parametres de vie, dans une sorte de complicité avec la Source ?...

C'est en tout cas la vision a laquelle m'a ouvert un bon ami a moi, dont le fils est multi-amputé de naissance. Je l'ai entendu lui dire un jour :  il y a de bonnes chances pour que tu aies choisi ton atterrissage sur la planete, dans le corps que tu as la, que tu m'aies meme choisi comme parent (ajoutant avec un clin d'oeil malicieux : tu l'auras voulu !...) J'ai la conviction que tu avais, tel que tu es, quelque chose a apprendre, et quelque chose a apporter. Trouve-le ! Passionne-toi a le trouver.  

J'avoue qu'en entendant ces propos, j'étais resté songeur un bout de temps. Des spéculations généreuses, tout ça...   En plus, des questions qu'on ne peut pas aborder tout haut avec n'importe qui !... Mais ça m'a quand meme trotté dans la tete.


Karma ou nouvelle espérance ?

J'ai choisi de me poser de telles questions, sans rien affirmer. Simplement je me dis aujourd'hui, a voir mon amie Réjane, que si j'étais a sa place au quotidien, pour faire face aux verres cassés par terre, au regard des autres sur la rue, et qu'on m'apprenne que j'étais dans le coup lorsque s'est décidée ma course destination monde, ça ne me laisserait pas indifférent. Si on m'apprenait que j'ai en toute connaissance de cause choisi de naître avec ce corps qui danse sans musique et cette main qui fait valser les objets, quelque chose en moi deviendrait plus léger. 

Je cesserais de me fatiguer avec ma grande question comment diable peut bien fonctionner la justice de la vie ?... Et je deviendrais plus réceptif a l'idée qu'il y a peut-etre eu la un rendez-vous peu banal, quelque chose qui ressemble au défi du papillon qui doit percer son cocon pour arriver a déployer ses ailes : le défi de conquérir de l'intérieur un équilibre, une souplesse en dépit de la résistance que m'offre mon corps, mais avec sa complicité. Comme le rocher pour le grimpeur : mon Everest a moi... 

Je trouverais probablement cette idée farfelue pendant un temps... mais peu a peu chargée d'une nouvelle espérance. Ma vie, qui ressemblait a empiler des briques qui me retombent dessus a mesure, prendrait le sens de construire une cathédrale, ma cathédrale... 

Peut-etre meme qu'il y aurait la un cadeau pour d'autres aussi. Car lorsque je regarde en arriere, je constate que les grands cadeaux que d'autres m'ont faits, ou que moi je leur ai faits, ont souvent pris racine dans des blessures et des reprises en main. Combien de fois il m'est arrivé d'etre séduit par l'optimisme ou par la bonté de certaines personnes, envieux qu'ils aient ça de façon si naturelle. Pour finir par apprendre qu'ils en avaient bavé pour en arriver la, que cette impression d'aisance n'était pas le résultat d'une facilité, mais d'une digestion.

Quand je repense a mon amie Réjane,  c'est cette singuliere notion de karma des Orientaux qui vient me trotter dans la tete. Peut-etre l'ai-je trop assimilée a cette idée que notre naissance serait simplement le reflet de ce que nous avons vécu antérieurement. Une fatalité, la récompense ou la punition de ce que nous avons fait de bien et de mal  -  et souvent plus une punition. C'est ce qui fait qu'en Inde, par exemple, les Intouchables sont voués a rester dans cette caste de génération en génération : c'est leur karma...


Pour un faisceau de raisons...

Décidément, je crois  que la vie est plus riche que ça. Et que rien n'est jamais bétonné une fois pour toutes. L'état de ton corps, Réjane, ne vient pas simplement te refléter ce que tu aurais attiré a toi dans d'autres passés. Les conditions de ta naissance disent quelque chose d'autrement plus splendide, j'en suis sur, et elles ont été un choix délibéré de ta part. Je les vois comme un carrefour de plusieurs chemins : il y a ce que tu es d'unique, ce que tu désirais expérimenter en venant ici, ce que tu avais besoin d'apprendre, et le service que tu désirais apporter au monde. Quand j'y pense, ça ne m'étonne plus qu'un homme de Galilée, il y a 2000 ans, nous ait invités a ne pas juger : qui peut dire le projet de vie qu'avait un clochard, Hitler ou... toi et moi, en venant au monde ?...

Quand je regarde mon parcours, j'aime mieux voir ma vie comme l'aventure d'un chercheur d'or, celle d'un chef d'orchestre devant sa symphonie inachevée. J'ai la possibilité d'en faire un passionnant pari -  pas toujours reposant !  -  le pari de trouver les harmoniques qui vont le mieux me permettre d'accoucher de mon chef-d'oeuvre, celui que je portais en germe au moment de franchir le seuil de cette vie. 

Ma carcasse trop maigre, ma taille trop grosse, ou pas assez... n'est bien qu'un habit de théâtre. Elle me chuchote Je suis un vetement sur mesure avec ton projet de vie. Ne perds pas de vue que dedans, il y a un etre de lumiere qui fait son chemin.  Prends-moi comme un tremplin, pas comme un stigmate; tu vaux mieux que ça. Et puis si tu petes quelques coutures, rien n'est grave. Tiens, voici du fil et une aiguille...

Christophe Élie

 

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 v2005-01-01